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Conduite Un système bovin allaitant autonome en fourrages et protéines

Outre des qualités maternelles (aptitude au vêlage et lait), Thierry Préaud recherche des animaux typés grain de viande avec une finesse d’os et une bonne valeur bouchère.

Thierry Préaud a remis en cause son système de pâturage pour valoriser l’herbe au maximum avec son troupeau charolais. Un choix judicieux compte tenu de l’augmentation du prix des intrants.

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Sur ses sols sablo-limoneux caillouteux, Thierry Préaud cherche à réduire au maximum ses achats d’aliment, de complémentaires azotés, et rentabiliser au mieux ses coûts de fermage (150 à 200 €/ha). « La protéine est dans l’herbe que nous faisons pousser et dont les teneurs en matières azotées totales (MAT) peuvent monter au printemps jusqu’à 24%, souligne l’éleveur. Entre mars et juin 2021, des veaux mâles nés en octobre 2020 ont ainsi affiché une croissance journalière moyenne de 1,6 kg sans complémentation, et de 1,4 kg en 2022 ».

Pâturage tournant

Testé en 2014 sur quatre paddocks à la suite d’une formation, le pâturage tournant a été généralisé à l’ensemble du troupeau (vaches, génisses et femelles à l’engrais). Vaches et génisses sont lâchées autour du 1er avril une fois seulement après avoir été échographiées. Les femelles vides sont engraissées. Les lots sont composés de 5 à 20 vaches maximum. Elles tournent sur six à huit paddocks de 1,5 à 2 ha sur lesquels elles reviennent tous les 28 jours. En fonction de la pousse d’herbe, Thierry ferme des parcelles et sort la faucheuse, rarement avant la fin d'avril.

© Arnaud Godard, Alsoni Conseil Elevage - Dans les paddocks où des génisses finissent leur engraissement, un bac d’eau mobile raccordé à une conduite d’eau. Il est déplacé tous les deux jours.

« Plus il y a de paddocks, moins on hésite à faucher. L’objectif est d’avoir toujours de la bonne herbe, entre 12 et 15 cm de hauteur pour que les veaux profitent sans complémentation. Le chargement instantané par îlot peut monter à 2,4 UGB à l’ha au printemps, avant de diminuer l’été à 1,4 voire 1,2 ». Chaulées tous les 3 à 4 ans, les prairies sont fertilisées uniquement avec du fumier épandu en petite quantité, à raison de 10 à 12 t/ha.

" L'objectif est de toujours avoir de l'herbe de qualité, entre 12 et 15 cm de hauteur."

La production de 150 à 250 bottes d’enrubannage ou de foin sur les paddocks débrayés ainsi que les 50 à 100 bottes issues du nettoyage des prés, contribuent à sécuriser les stocks hivernaux. Ces fourrages supplémentaires couvrent les besoins des vaches en préparation au vêlage et ceux des laitonnes entre le sevrage et la rentrée en bâtiment. « Toutes ces ressources étaient autrefois gaspillées quand la pousse de l’herbe était trop forte », souligne Arnaud Godard d’Alsoni Conseil Élevage. Triées par leur qualité, les bottes sont distribuées selon les besoins des animaux. Les meilleures sont réservées aux jeunes.

© Anne Brehier - Thierry Préaud a remis en cause son système de pâturage.

Meilleure croissance des veaux

Depuis 2014, la flore des prairies permanentes a évolué et la qualité de l’herbe s’est améliorée. Les animaux ont gagné en gabarit et le niveau de croissance des veaux a progressé. À partir de la fin de mai ou au début de juin, les mâles sont complémentés au pré avec un mash rationné (5 kg au maximum). Le mélange se compose de triticale, de foin de luzerne, de maïs grain, d’un complémentaire azoté et de mélasse.

Sur la ferme, la substitution du maïs ensilage par le méteil grain (avoine, orge, triticale, blé, vesces, pois, féveroles) a permis de réduire la part de la complémentation azotée achetée pour les vaches et génisses. De 4 ha en 2019, la culture réalisée uniquement avec des semences fermières est passée à 17 ha. Les rendements varient entre 46 et 55 q/ha avec une MAT de 15 à 16 %. Le tout est obtenu sans intrant. Avec l’incorporation du méteil grain cet hiver dans le mash fermier pour les veaux, Thierry pense encore améliorer son niveau d’autonomie protéique, qui s'élevait déjà à 88% en 202. Il n’achètera qu’une petite quantité de complémentaire azoté.

Cette année a été difficile pour l'éleveur, avec un été sans eau, 30 ha de céréales et 25 ha de prés neufs grêlés. « Sans la grêle qui nous a privés de 200 bottes d’enrubannage, nous aurions malgré tout réussi à passer le cap". S’il a pu tenir son troupeau à l’herbe jusqu’à la mi-septembre, l’absence de pluie et de repousse d’automne l’a obligé à affourager ses bêtes depuis.

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